Artiste ou Artisan
Il n’y a pas longtemps, interviewé à la Gare de Nantes par un journal local, le journaliste me demande s’il doit décrire mon intervention sur la sculpture des arbres en béton comme celle d’un artiste ou d’un artisan.
Grrrrruuurrrrrurrrr
C’est après deux jours de route interminable que j’atteins Djurs Sommerland, un parc d’attraction à l’extrémité nord-est du Danemark. Encerclé de champs et de sapins, étouffé par la tristesse de notre époque confinée, l’équipe de Petro Art production n’attendait plus que mon arrivée pour le top départ de ce qui deviendra un challenge : Dinosaurland, une nouvelle attraction avec pour thème, des dinosaures et des rochers .
Au milieu d’un immense terrain vague, la structure raillé d’un roller coaster. Au fond, un gorille en carton pâte attend sur la dalle d’un bâtiment en construction. Il faut imaginer un environnement rocheux pour l’extérieur, et une caverne pour un safari en jeep.
Le commanditaire est exigent mais pas sûr de lui sur le design souhaité. Ni l’équipe, incomplète, ni le matériel, indisponible, n’empêcheront la validation d’un échantillon fait avec des moyens du bord aussi paléolithique que le résultat attendu.
Au bout de quelques temps, enfin, le chantier se lance pour de bon. Sur le papier, mon rôle de « leading artist » consiste à encadrer l’équipe sur le résultat esthétique final. Sur le terrain, j’aborde tous les aspects du chantier : conception-design, sculpture, méthodologie, management et autres.
Comme dans tout chantier respectable avec ses nombreuses entraves, qui rendent le quotidien plus excitant et mettent les nerfs de celui qui l’encadre à l’épreuve, les rochers auront toutefois trouvé leurs formes et leurs couleurs -vives- au bout d’une dizaine de semaines. Perchés sur leurs rocs, grâce à la robotique, des dinosaures animatronics viendront animer le décor pour lui donner un air de Jurassik Park.
Si le voyage forme la jeunesse, et la rencontre avec d’autres cultures peut enrichir l’esprit, le travail à l’étranger avec une équipe pluri-identitaire se trouve être une expérience marquante. Dans ce chantier pourtant de courte durée, mais rythmé par de nombreux aléas, j’aurai eu trois équipes de différentes nationalités à manager à tour de rôle. Si le travail reste le même, les mots comme les façons de faire changent, avec pour conséquences de sérieuses incompréhensions, des moments difficiles mais surtout, de franches rigolades. Des souvenirs qui marquent et qui soulignent que les aspects humains et culturels des travailleurs détachés ne sont pas des points à négliger pour l’accomplissement d’un chantier.
Il n’y a pas longtemps, interviewé à la Gare de Nantes par un journal local, le journaliste me demande s’il doit décrire mon intervention sur la sculpture des arbres en béton comme celle d’un artiste ou d’un artisan.